Danser sur les ailes de la liberté, s'envoler pour ne jamais être attrapé - pour toujours, attraper entre les mains la poussière des étoiles délaissées. Alterner entre une journée au sourire aussi naïf que faux, pour laisser le masque revêtir une identité plus sérieuse - mesquine, violente. Liberté sur le bout des doigts, préserver comme unique trésor. Déjouer les règles, déjouer les lois - ne jamais se conformer, ne jamais être ce qu'on attend - Lixie était la contradiction, l'instabilité même; Lixie n'était pas humain, Lixie n'était pas créature - elle était elle. Rêve brillant dans des yeux sauvages, rêve poursuivie, offert à ses mains d'enfant quand tout semblait terminé. Il ferait honneur à ce père choisi.

Sur le bout des lèvres se brûlent les mots qui n'ont jamais été prononcés, et quand on s'approche trop du soleil, les ailes s'en retrouvent abîmées ; mais elle n'a jamais craint le danger. Se retrouve à danser avec les éclairs, dans la pluie - l'eau trempant ses vêtements sans qu'elle ne s'en importe. D'une liberté proclamée, décidée, instaurée, dans son esprit; une indépendance qui l'amène loin des autres, aucun intérêt pour l'amour. Volage, volatile. Papillon butinant les fleurs, pour se rendre sur d'autres ensuite - ne jamais s'attacher.

Et toutes les tiges d'une rose sont armées d'épines empoisonnées ; fièrement inscrite dans le chaos qui règne dans sa tête, sans jamais désirer dévier du chemin qu'elle s'est elle-même tracé.
De tous les abandons, de l'incapable placardé sur son front; se forger sa propre destinée et les oublier.

- on la blâme, lui envoie les torts. On la regarde de travers quand son sourire étire ses lèvres. Voir toujours plus grand, voir toujours plus loin; le monde lui appartient. Les étincelles dans ses yeux sont voraces. Ne s'éteignent jamais.
De la douceur qui s'impose; le chaos prime. Les apparences sont trompeuses, et elle en est la preuve. Visage d'ange au regard de braise.

Lixie pourrait construire le plus grand des châteaux simplement pour le mettre en cendres dans la minute suivante. Pourrait faire tomber la plus belle personne amoureuse de son être pour l'abandonner au milieu de la route dès que le sérieux chercherait à s'installer.
La stabilité n'est pas pour elle - dès que sa vie se dessine, elle la détruit. Elle envoie tout foutre en l'air; refuse toute sécurité. La vie n'est que chaos et destruction. Elle embrasse son karma dysfonctionnel. 

Lixie n'est douceur qu'en apparence - poison mortel qui s'infiltre sans qu'on le reconnaissance, à la colère explosive, au vide imposant. Lixie se perd dans l'incertitude de son esprit; fragmentée. Fréquemment sujette aux blackouts quand tout devient "trop" pour elle.

Rejoignez-la sur la piste de danse, la rose entre les dents, quand sa main enferme la vôtre - rejoignez-la sur la piste de danse et laissez-vous prendre au jeu. Elle était le diable qui volera votre âme sur la base d'un contrat aux petits caractères aussi vils qu'impossibles à lire.

"... Mais - " Les mots ne se formulaient pas; les larmes perlaient sur les paupières fatiguées. La main se tendit, pour se refermer dans le vide. La solitude n'était plus qu'éternelle compagne.

•• •• •• ••

Il neige;
Les oiseaux ne chantent plus -
J'aurais voulu leur apprendre à revenir vers moi
Il neige;
La roulotte ferme sa porte.
Fermé au monde;
Plus rien n'existe.
Dans sa tête, les abeilles bourdonnent.

•• •• •• ••

Il n'avait pas toujours été chaos - pas toujours été ennui, désagrément, pas toujours été haine et amertume dans un coeur émietté et froid. Il n'avait pas toujours été lui;
Mais l'heure des adieux avait sonné, quand ses mains s'étaient étirées, pour se refermer sur le froid de la neige tombant autour d'eux. Il avait été malchance, il avait été trop. Dévisagé avec un dégoût ferme sur le visage par celle qui lui avait assuré l'existence, rejeter par celle qui l'avait autrefois tenu, dans le désagréable de la rue.

Aurait-il dû pleurer ?
Ou avait-il trop pleuré déjà ?

Entre les poubelles, caché pour ne pas se faire remarquer par quiconque, la réalité frappait. Essayer de comprendre les erreurs, sans pouvoir les imaginer. Toujours, tout donner pour la faire sourire - toujours, tout donner pour illuminer son quotidien; mais le bruit de la vaisselle échappée résonnait aujourd'hui encore. Sa voix qui finissait en hurlements parce que de sa maladresse, les bonnes intentions s'éteignaient.

Il n'était qu'un poids. Rien de plus qu'un fardeau. De toute sa douceur, de toute sa bonté, ne restaient que les cendres des essais balayés. De cet amour ignoré. De ses tentatives muettes d'être aimé. Elle n'avait jamais vu en lui l'enfant qu'il aurait dû être, mais une perfection qu'il n'avait jamais atteint.
Trop énergique. Trop volontaire - trop "grand gueule" et pas assez "dans les rangs". Trop lui, pas assez quelqu'un d'autre.
Pourquoi n'avait-elle pas su l'aimer comme il était ?
Qu'en était-il de ce présumé amour inconditionnel ?

•• •• •• ••
"There, there... qu'avons-nous ?"

Un enfant brisé, un enfant oublié, un enfant rejeté. Yeux levés vers le nouveau venu. Il était jeune - il était beau, marqué par la vie. Muet enfant, incapable de dire quoi que ce soit, s'enfonçant dans la douleur d'une mère qui n'avait pas voulu de lui. Une main qui se tend, et le vide qui se comble. Légèrement.

"Qui es-tu...?" Souffle dispersé par le vent.
Mais l'enfant ne pouvait pas répondre - autant il le souhaitait, autant il ne savait pas. Identité envoyée valsée par les regrets, par le rejet - il s'était perdu. Depuis toujours, tout essayer, pour trouver la rue - "Mais tu as quel âge.. ?" Inquiétude marquée sur le visage de l'interlocuteur.
L'enfant n'était qu'un enfant. Hausser les épaules. Le silence les entourait. Quelques instants avant que la main du petit rejoigne celle de l'adulte. "Viens, petit. On te créera une maison."

•• •• •• ••

tell me where is my home ?
i don't recognize the faces anymore
where is my friend ?
the one i've known since i was only just a kid
i think it's time to say goobdye

Loin de cette roulotte, loin des larmes, d'un matelas en pièces, mangé par les mites - loin du rejet, de la désagréable douleur de ne jamais être soi.
Retrouver le réconfort dans les bras de ce qui était autrefois un étranger, s'imposait désormais comme unique pilier dans un chaos inscrit dans les gènes.

S'en aller, explorer - essayer de trouver le chemin vers son coeur, pour comprendre comme le réparer. En vain. Pourtant : tomber sur étrangeté pris entre les doigts délicatement. Peut-être aurait-il dû se questionner - essayer de savoir, mais le danger était vivant, pulsant à ses tempes. Suffisait de l'avaler. De grimacer sous le goût infecte qui s'était imposé, refusait de s'en aller peu importe l'eau avalée. Curiosité attisée - mais le vide s'était prolongé.

•• •• •• ••

Il était étranger partout où il allait. N'avait de place ni même dans son esprit - pour toujours, outsider. Alors quand les regards se perdaient, quand personne ne pouvait le voir, quand les abeilles dans sa tête se retournaient contre lui - ne restait que la panique hurlant en son être. Progressivement, augmentant jusqu'à retirer tout l'oxygène. Tout voler. Tout remplacer par un poison ardent qui, jusqu'alors, n'avait rien changé - mais désormais,
Monde modifié, instabilité chaotique renforcée - quand ce corps qui était sien avait subi un changement inattendu.
Étranger dans un nouveau corps qui subissait gravité - légèreté permettant de naviguer sur une piste de danse sans aucune crainte désormais envolée par un corps massif, aux membres étranges.
Réapprendre de zéro, comme autrefois - réapprendre à marcher, réapprendre à se mouvoir.

Ce ne fut pas aisé - les débuts s'enchainèrent par des échecs, mais doucement;
Lentement -
Lixie fut capable de marcher, de reprendre une aisance dans les mouvements, reprendre le dessus sur sa propre personne. Contrôle souhaitant s'étendre le plus loin possible. Se maîtriser.

On traîne les spectres de notre passé et notre noirceur presque comme fierté
•• •• •• ••

Au fil des années, mieux appréhender la transformation - mais celle-ci toujours violente, toujours quand les émotions explosaient dans sa cage thoracique, quand le monde se perdait, quand l'amnésie s'imposait -
Ne plus tomber quand marcher était voulu, être par moments en mesure de traiter le vide comme si un mur invisible s'y trouvait. Parfois, s'effondrer, gravité reprenant ses droits sur son être; mais parfois pouvant atteindre les cieux et les explorer comme si une terre y était présente.

Ne pas abandonner;
Un jour, le ciel lui appartiendrait autant que le sol.

•• •• •• ••
"Le monde nous appartient, Lixie."

Jusqu'au bout - était le leur. Lixie avait un sourire sur ses lèvres. Yeux posés dans celui de l'homme qui était son père - pas de sang, mais le sang n'avait aucune importance. La famille était celle choisie, pas celle imposée. Pas celle qui te dégageait dès lors que tu prenais trop de place;
Pas celle qui ne t'acceptait pas. La famille était celle qui te poussait à te dépasser, qui t'encourageait, qui restait derrière toi, prête à te protéger toujours.
Il était son père - il était son unique famille. Les règles, manipulées, tordues pour coller à leurs désirs.

L'enfant n'existait plus;
Identité floue jetée dans l'océan, observer la bouteille s'envoler vers l'horizon sans aucun regret.
Il était Lixie.

Partir de zéro - enfance effacée, envoyée dans le néant, avec les monstres pour la dévorer.
Le monde leur appartenait. Ils pouvaient en faire ce qu'ils désiraient - tant et aussi longtemps qu'ils faisaient profil bas, ne se faisaient pas remarquer. De jour, Lixie était fleuriste; de jour, il se fondait dans la masse, se perdait dans un quotidien monotone qui ne lui ressemblait en rien et pourtant - attirait les regards des clients. Apparence particulière - ni homme, ni femme - Lixie laissait les commentaires glisser sur son dos sans aucune considération.
S'amuser de tous les autres; s'amuser de la vie qui lui était donnée. Et le soir, étudier. Apprendre à connaître les plantes et les insectes sur le bout des doigts - pouvoir parler de leur existence pendant des heures, sans cesse. Et l'homme pour l'écouter - aucun jugement, qu'une oreille attentive.

Lixie était à sa place entre ses bras.

La nuit tombée, ils reprennent leur droit sur l'univers - ils prennent ce qui leur reviennent. Quand les regards ne peuvent accrocher à leur personne, ils attrapent sans préavis, argent et nourriture.
Communément appelés
"Pirates"
Mais Lixie dit
"Libre"

Ne jamais se faire prendre, filer entre les doigts du vent, de la conscience humaine qui les entoure - filer entre les doigts de la logique, des règles, de la loi.
S'évader pour préserver leur personnalité.
Porter un masque pour ne jamais se faire reconnaître, pour continuer de sourire idiotement aux autres quand les fleurs sont achetées -
Pour continuer à vivre.

"Ezra, ce monde sera le nôtre."

|| FDD : Tori Tori no Mi ||